Portrait de la clowne Sally Poppiette

Au sein de clowns Z’hôpitaux, ce sont 20 clowns professionnels qui, chaque semaine, réalisent des visites auprès des enfants hospitalisés et des personnes âgées.
Sandra Burtin fait partie de l’antenne de Lyon et son clown se prénomme Sally Popiette. A travers quatre questions, vous allez découvrir cette comédienne et la présentation de son clown.
Interview de Sandra Burtin, clown à l’hôpital sur Lyon
Salut Sandra ! Peux-tu nous présenter ton clown ?
Sally Poppiette, c’est une Marie Coquette, une mamy pompon, une princesse rock pin-up, une diva de karaoké, une petite fille timide avec l’énergie d’un cheval sauvage… “Ride Sally ride” !
Elle aime jouer à faire sa belle avec une robe qui tourne, jouer à faire la cheftaine du groupe, jouer à Céline Dion au Stade de France… Jouer à mettre du rythme, des élans, des ruptures, du décalage, jouer, jouer, jouer…
Pourquoi es-tu clown à l’hôpital ?
Pourquoi je me suis intéressée au clown… ? Je crois que c’est plutôt le clown qui s’est intéressé à moi ! Pendant mes ateliers d’improvisation, on me disait souvent qu’il y avait du clown dans mon jeu. Alors de fil en aiguille je suis allée expérimenter le clown et le burlesque.
Le travail de clown, c’est une autre dimension. J’ai un formateur qui avait pour coutume de dire que c’est une “humanité dilatée”. C’est juste un être vivant qui vit tout en plus grand, plus fort, plus intense mais avec une âme d’enfant. Mettre un nez de clown, c’est accepter une forme de transformation. c’est un passage vers un profond moment de sincérité, de connexion à soi, à l’autre. C’est un saut dans le vide vers sa sensibilité…
Finalement, c’est beaucoup d’humanité. Je pense que c’est ce mélange entre l’artistique et l’humain qui m’a amené au clown en milieu de soins. En même temps, cela me semblait aussi très intimidant de travailler avec des « malades ». Mais aussi, devoir marcher sur un fil entre les dangers de la maladie, le stress des soignants, l’inquiétude de la famille, le souci d’être juste et sincère…
Je pense à Caroline Simonds du Rire Médécin qui dit “Tu n’as pas le droit de tomber ni de marcher à quatre pattes sur ton fil, tu dois faire de belles choses… ». C’est seulement lorsque que je suis devenue maman d’une petite clownette que j’ai pu devenir le funambule qu’est le clown à l’hôpital. En effet, elle a fait exploser toutes mes limites, toutes mes peurs pour ne laisser que la joie de pouvoir jouer tout en rentrant dans l’intimité des patients, des familles et le quotidien des soignants.
Qu’est-ce que tu aimes dans ton métier de clown hopistalier ?
Ce que j’aime aujourd’hui dans mon métier, c’est la grande liberté qu’offre le personnage du clown. Il a le pouvoir de briser les codes, d’autoriser les adultes de redevenir enfants, aux enfants de s’affranchir et aux adolescents de choisir leur camp.
Dans le cadre de l’hôpital et des établissements de soin, il brise le blanc par sa couleur, le silence par la musique et la joie, le poids des soins et de la maladie par la légèreté de l’humour, pour moi chaque chambre visitée est un véritable cadeau.
Peux-tu nous raconter une visite à l’hôpital qui t’a marquée ?
Je pense à ma première intervention suite à ma formation. C’était à Vaulx en Velin, dans une pédiatrie, à l’automne 2015. Je me souviens très bien de la première personne que j’ai rencontrée. Il s’agissait d’une adolescente de 17 ans, elle était assise à un bureau devant le local des soignants. Elle devait rester là, cela faisait partie du protocole. Elle venait d’arriver, elle souffrait d’anorexie. Nous l’avons rencontrée pendant toute une année à l’hôpital.
Elle était là, toute frêle perdue sous son foulard. Notre premier jeu a été de me trouver un prénom, car j’étais encore en recherche d’un nom de clown. Au fil du temps, nous avons créé un lien. Il y a eu des histoires d’étoiles filantes, de fusée vers l’imaginaire et de lutins dans les faux plafonds de l’hôpital !
Parfois, son désespoir était tellement grand qu’elle s’enfermait dans sa chambre. Elle demandait à ne pas nous voir mais on toquait toujours à la porte pour lui dire que l’on pensait à elle. Un jour, à travers la porte, on lui a demandé si elle voulait juste un câlin. Elle nous a ouvert la porte et un nouveau rituel était né. On commençait souvent par un gros câlin toutes les trois serrés avant de partir dans l’imaginaire et le décalage.
Un jour, on nous a dit qu’elle partait. Nous étions heureux pour elle, mais en réalité elle ne quittait pas le monde de l’hôpital. On la transférait juste vers un service adulte. Elle était très triste, très anxieuse et chagrinée car chez les adultes plus de clowns. Alors ensemble, on a rêvé à ce nouveau lieu, un lieu extraordinaire, magique !
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours professionnel (formation, spécialité) ?
J’ai quelques diplômes en tout genre. J’ai suivi plein, beaucoup et énormément de stages, d’ateliers et de formations en émotivité théâtrale, en écriture d’histoires, en création d’images et clownerie professionnelle… Actuellement, je suis en formation professionnelle au Rire Médecin.
Concernant mes spécialités, je suis peintre en émotion, musicienne du corps, apprentie en gratte-gratte mélodique, chanteuse du dimanche, technicienne de l’ici et maintenant, artiste en organisation et tableau croisé dynamique.
Enfin, en terme d’activités, je suis clown en milieu de soins, clown sur scène, maman clown, maître Yoda pour petit clown, clown au quotidien (parce que c’est tenace, et quand ça vous tient, ça reste !).
Et s’il reste un peu de temps, je suis coordinatrice de production audiovisuelle. Mais franchement, il n’en reste plus beaucoup … du temps et temps mieux, enfin tant mieux !!!
Merci à Sandra pour tout ce partage ! Pour découvrir les autres clowns de l’association, rendez-vous sur le trombinoscope.
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